dimanche 20 septembre 2015

Ca ne me manquera pas!

J-3
L'opération est prometteuse de jours meilleurs. D'une qualité de vie tellement plus agréable que notre quotidien d'aujourd'hui. Il va y avoir du changement. Mais je ne veux rien oublier. Je ne veux pas perdre une miette de ce que j'ai vécu avec mon fils. Je veux me souvenir de tout. Des bons et des mauvais moments. Ce sont eux, tous ensemble qui ont créé le lien si fort que j'ai avec lui aujourd'hui. Qui m'ont donné cette force que je ne savais même pas avoir en moi. Cette faculté d'encaisser la vie et de ne pas se laisser abattre.
Je ne veux rien oublier mais ca ne me manquera pas!
- Ces crises de colère en pleine rue. Cette fameuse fois ou j'ai laissé mon fils hurlé sur les pavés de notre ville médiévale, en plein centre ville. En m'assurant juste qu'il n'y avait pas de voiture qui passait lorsqu'il se jetait sur la chaussée. Je ne veux pas oublier les passants désobligeants m'accablant d'être une mauvaise mère pour mon horrible fils mal élevé.
- Ces crises de colères dans les grandes surfaces. Cette fameuse fois ou cette idiote de pauvre vieille m'a dit à la caisse du magasin que mon fils méritait une paire de claque avec son comportement odieux. Je lui ai répondu cash: "ah bon? vous frappez les enfants handicapés vous?"
- Tous ces matins pendant les quels j'ai couru après mon fils pour l'habiller. Parce que l'habiller relève du défis psychologique! Nu comme un ver on dirait qu'il court plus vite que tout habillé. Alors qu'habillé il est déjà ultra rapide! Il court de la salle de bain à sa chambre pour venir sauter au centre de mon lit, et moi qui court derrière, pieds en roue libre et les bras tendus à la superman... et pourtant, impossible de l'attraper. A cette image s'ajoute bien entendu le son: décibels aigues et fortes... je m'égosille en le menaçant de compter jusque 3, de venir ici tout de suite sinon je vais me fâcher (ah bon je ne suis pas fâchée déjà là... ouh ca promet d'être épique comme colère alors... N'importe quoi! tout ca pour un caleçon kiabi...pfffff...). Mettre le pantalon est aussi très risqué. Un pied puis l'autre est un exercice de haute voltige. Entre les pieds mis flex au lieu de pointé, les longues minutes à essayer de débloquer le pied entre sa colère montante et mon agacement.... L'autre pied mis aussi flex dans le même trou que le premier, l'envie de déguerpir alors que le pantalon n'est pas mis et les cascades qui s'en suivent. Pimenté par la colère de la chute.... Les retournements de situation et les fuites alors que j'étais en train de fermer le deuxième bouton de la chemise...La première chaussette arrachée alors que je suis en train de mettre l'autre, les chaussures envoyées à l'autre bout du couloir pour pouvoir avoir le temps d'enlever les chaussettes enfin mises le temps que j'aille chercher les chaussures qui bien entendu n'ont pas atterri au même endroit (les "mais elle est ou l'autre" on bien du durer plusieurs longues minutes de désespoir....)....
- Entrer au minimum 8 fois dans ma voiture avant de pouvoir réellement allumer le moteur et partir, pour l'école, la gare, les courses, le poney..... parce que mon fils se détache et hurle de rire de me voir sortir pour le rattacher. Dès que je pose mes fesses sur le siège conducteur que je mets MA ceinture, il se détache fier comme un coq et crie: "détachééééééééééé".... et comme il ne sait pas se rattacher tout seul....je me détache et je sors.... Alors la première fois c'est rigolo, la deuxième c'est agaçant jusqu'à ce que rentrer dans la voiture devient l'angoisse du départ... après avoir vécu, l'enfer de l'habillage....
Il y a tellement de détail qui ont pimenté notre vie. Qui sont indéniablement liés à sa maladie. A sa gestion de notre complicité. A son manque de concentration.
A 4 ans 1/2 il devrait être capable de s'habiller seul. J'ai hate de lui apprendre dans le calme et la concentration à mettre ses chaussettes sans que ca ne le stress...
J'ai hâte de le voir grandir calmement. Tout ces moments ne vont pas me manquer.... Mais j'ai peur de les oublier....

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